Les bioplastiques, c’est quoi ?
Qu’entend-t-on par plastiques biosourcés et biodégradables ? Est-ce que tous les bioplastiques sont écologiques ? Quel bioplastique choisir pour avoir un impact environnemental minimal ?
Par définition, un bioplastique est un plastique qui est soit biosourcé, soit biodégradable, soit les deux à la fois. Cela veut dire que certains bioplastiques peuvent être (partiellement) produits à base de ressources végétales renouvelables mais sans être biodégradables pour autant, et d’un autre côté, des plastiques synthétisés à partir de pétrole vont être biodégradables dans certaines conditions et seront appelés bioplastiques également. Ces termes peuvent donc rapidement porter à confusion et brouiller la vision du grand public sur la réalité écologique de ces produits. Essayons d’y voir plus clair.

Le terme biosourcé (ou biobasé) peut être utilisé dès qu’un produit est fabriqué, partiellement ou entièrement, à partir de ressources biologiques renouvelables. Dans le cas des bioplastiques biosourcés, on va retrouver
- les amidons et sucres (maïs, pomme de terre, canne à sucre, riz, pois…)
- les protéines et lipides (lait, soja, blé…)
- les huiles végétales (colza, tournesol, chardon, lin…)
- les fibres naturelles (chanvre, coton…)
- ou encore les algues ou la cellulose.
Les processus de production peuvent différer, même à partir de biomasses identiques, et la nature des bioplastiques biosourcés obtenus variera selon. Par exemple, l’amidon peut produire un film souple sous l’effet d’un plastifiant naturel (ex : glycerol) qui servira à faire des sacs de supermarché, mais il peut aussi être transformé par fermentation pour produire de l’acide polylactique (PLA), un plastique plus résistant qui permet de faire des couverts et assiettes jetables. On peut aussi citer les bio-PE et bio-PET qui ont exactement le même procédé de production que les plastiques traditionnels mais dont l’éthylène (habituellement dérivé du pétrole) est produit à partir de sucre de canne.
Pour obtenir la certification qu’un produit est biobasé, telle que « OK Biobased » délivrée par TÜV Austria, il n’est pas obligatoire d’avoir un produit entièrement issus de ressources renouvelables mais il est nécessaire qu’un certain pourcentage des matières premières en soient issues. La loi est fixée par les normes ISO 16620 et CEN/TS 16640 qui font évoluer le pourcentage minimal de 30 % à partir du 1er janvier 2017, 40 % à partir du 1er janvier 2018, 50 % à partir du 1er janvier 2020 et 60 % à partir du 1er janvier 2025. Le reste du pourcentage pouvant être des composés issus de la pétrochimie utilisant des ressources fossiles, il est important de ne pas prendre pour acquis qu’un produit certifié biobasé offre de facto un bilan carbone nul mais son empreinte s’en trouvera certainement allégée. C’est le cas de la PlantBottle™ de Coca-Cola qui n’a de « plant » que 30% de ses matières premières, bien que cela représente une réduction non négligeable de ressources fossiles à l’échelle de cette société.
Les bioplastiques biobasés permettent donc une réduction de l’utilisation des ressources pétrolières ainsi qu’une valorisation de la biomasse, co-produits ou déchets de l’agriculture et l’agro-alimentaire.

Qu’en est-il alors de la biodégradabilité et de la « compostabilité » ?
Par définition, un matériau est dit biodégradable s’il peut être décomposé sous l’action des micro-organismes (bactéries, champignons, algues, vers de terre, etc.) ou par voie naturelle et dont le résultat est la formation d’eau (H2O), de dioxyde de carbone (CO2) et/ou de méthane (CH4), et de sous-produits (résidus, nouvelle biomasse) non toxiques pour l’environnement. À cette définition, il faudra ajouter 2 composantes afin de donner du sens et différencier les différents bioplastiques biodégradables : l’environnement nécessaire à la biodégradation et le temps requis pour se transformer entièrement.

Effectivement, un bioplastique certifié biodégradable ne va pas se dégrader dans tous les milieux ou en pleine nature pour autant, il va falloir qu’il soit disposé dans l’environnement adéquat. Les certifications TÜV distinguent 5 environnements : enfoui sous la terre, en milieu aqueux, en milieu marin, en compost industriel (OK Compost) et en compost domestique (OK Compost HOME). Ces deux derniers concernant le compostage sont les plus répandus et il est important de savoir les distinguer.
Un plastique biodégradable en compost industriel, tel que le PLA, se décompose avec des conditions contrôlées (micro-organismes, air, humidité, 50-70°C) que l’on retrouve par exemple dans les centrales gérées par les autorités publiques pour la collecte des déchets organiques, alors que les sachets plastiques « OK Compost HOME », tels que certains emballages de magazines, seront biodégradables dans le compost d’un particulier, à condition que celui-ci soit alimenté et géré correctement. Dès lors, un bioplastique compostable industriellement n’est cohérent que s’il est possible de le collecter et de l’envoyer dans une centrale de compostage ou biométhanisation après son utilisation. S’il n’est pas correctement trié, il peut aller jusqu’à « polluer » la filière de recyclage des plastiques traditionnels.
Il est également à noter qu’il existe des bioplastiques biodégradables qui ne sont pas biosourcés comme indiqué au début de cet article. C’est par exemple le cas du PVA (ou PVOH) qui sert à réaliser l’emballage des tablettes de lave-vaisselle qui se dissout dans l’eau, le film se dégrade en milieu aqueux mais il est synthétisé à partir de pétrole, ce qui laisse toujours des traces.

Enfin, concernant les temps requis à la décomposition pour être certifié biodégradable, ils varient selon le milieu. Il faut que 90% de la masse du bioplastique soit transformée en moins de
- 6 mois en compost industriel ;
- 12 mois en compost domestique ;
- 24 mois dans la terre ;
- 56 jours en milieu aqueux ;
- 6 mois en milieu marin.
En conclusion, la biodégradabilité d’un bioplastique va permettre de réduire l’empreinte écologique de la fin de vie d’un produit dans le cas où celui-ci est trié et disposé dans l’environnement adéquat et d’être revalorisé en biomasse dans le cas du compost. Cela empêche également l’amoncellement de déchets plastiques dans nos océans qui présente un risque majeur pour l’environnement et la biodiversité.
Et si l’on doit choisir entre les deux, est-il préférable qu’un plastique soit biosourcé ou biodégradable ? Suite à ces explications, on se rend compte qu’une réalité complexe se cache derrière ces quelques termes et qu’il n’est pas toujours aisé de comparer les empreintes carbone entre différents produits. La meilleure solution est d’effectuer une analyse de cycle de vie (LCA), même basique, en se posant les questions : Quelles sont les matières premières utilisées (biosourcées entièrement, partiellement ou pas) ? Quelles ressources sont nécessaires à la production (eau, énergie) ? Comment est gérée la fin de vie (recyclable, biodégradable ou déchet) ? Un bon indicateur est la transparence accordée par les sociétés productrices et transformatrices de bioplastiques sur ces questions.
Afin de synthétiser, on peut dire que les bioplastiques sont une alternative durable au plastique pétrolier pour autant qu’ils soient :
- biosourcés avec le plus haut pourcentage possible, afin de réduire l’utilisation des ressources fossiles et valoriser des déchets ou coproduits de l’industrie ;
- biodégradables ou compostables et disposés en fin de vie ou lors de leur utilisation dans un environnement qui leur permettra de retourner à la terre et former de nouvelles ressources renouvelables.
Les bioplastiques biosourcés et biodégradables s’inscrivent parfaitement dans une optique d’économie circulaire et sont particulièrement adaptés à des produits ayant un cycle de vie court (usage unique) ou les applications qui ne permettent pas la réutilisation ou le recyclage.

Sources :
– Le rapport d’information Les Bioplastiques Biodégradables et Compostables, juillet 2019, édité par Sphere et Kaneka,
– Le site de l’organisation européenne European Bioplastics,
– Le site de l’organisme de certifications belge TÜV AUSTRIA.
Publié le 07/05/2020